Patrick Gonzalez (président de l’AS Saint-Priest, club amateur de football évoluant en National 2) et Eric Thomas (Président de l’Association Française de Football Amateur) avaient adressés le 3 avril dernier un courrier à Noël Le Graet (président de la Fédération Française de Football). Un cri du coeur resté sans réponse malgré le soutien de 1 000 clubs de football amateur !


11 jours plus tard, l’ensemble des 15 000 clubs de football français sont toujours dans le flou concernant leur avenir. Par conséquent, Patrick Gonzalez et Eric Thomas ont transmis il y a quelques minutes un nouveau courrier à la Fédération Française de Football, cette fois-ci soutenus par plus de 2 000 clubs.

« Saint-Priest & Tours, le 14 avril 2020.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Comité exécutif,

Notre courrier du 2 avril dernier n’ayant toujours pas reçu de réponse, nous nous permettons de réitérer nos demandes d’une action forte et résolue en direction du football amateur. 

Nous vous proposions d’organiser, dans les meilleurs délais, une visioconférence permettant de faire un point de la situation et de vous exposer les propositions permettant de construire le football de demain.

Le Président de la République, dans son allocution du 13 avril, ayant décrété le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai, cet horizon, aussi lointain qu’incertain doit nous servir de boussole, avec l’obligation « de nous réinventer » selon les termes d’Emmanuel MACRON. « Moi le premier » a-t-il ajouté, comme une invitation à rebâtir collectivement et progressivement notre société, dans le sens d’une plus grande solidarité. 

Pour le football amateur, vous le savez, les enjeux sont sportifs, mais avant tout sociaux, éducatifs et citoyens. Ce rôle doit être reconnu, soutenu, valorisé. Aujourd’hui et bien plus encore demain, lorsqu’il s’agira de reprendre nos activités dans les villes et les villages de France.

Devant l’impossibilité de conclure cette saison, nous formulons une proposition partagée par beaucoup de clubs : fin des championnats, autorisation des montées et interdiction des descentes, pour ne pas ajouter du malheur au malheur. On aura le temps sur les 2 ou 3 prochaines saisons de lisser ensuite le nombre d’équipes dans les championnats.
A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle !

Avec cette proposition, nous voulons par-dessus tout préserver l’équité sportive pour tous les clubs, en établissant des critères simples de calcul, tel le ratio points / matchs joués.

Rappelons-nous la situation du Toulouse FC, pendant la saison 2015-2016, qui comptait 10 points de retard à l’issue de la 28
èmejournée et qui a pu se sauver lors de l’ultime journée de championnat.

Dans ce contexte si particulier, nous souhaitons, une nouvelle fois, vous inviter au dialogue et à la concertation, afin de tenir compte de la situation extrêmement fragile de l’écosystème du football amateur.

Il y a 4 ans, la FFF communiquait encore sur le chiffre de 19 000 clubs amateurs. Aujourd’hui, le chiffre fédéral officiel est redescendu à 15 000 et la réalité est sans doute encore inférieure. Plus de 4 000 clubs ont déposé la clé sous la porte ces 4 dernières années.

Le risque est donc grand d’un effondrement de la biodiversité des clubs et sans clubs plus de football ! 
Le football amateur se bat actuellement pour sa pérennité, son avenir. Et tout ce que nous voulons, c’est assurer sa survie.

Les dirigeants du football amateur sont des bénévoles sérieux et responsables. Ils méritent un profond respect. Or, les nombreux soutiens qui nous parviennent de toute la France témoignent d’une sourde et profonde colère.

Les Présidents des ligues et des districts, une fois n’est pas coutume, ont communiqué publiquement leurs désaccords avec vos récentes décisions, ou absence de décisions…

Le district de l’Isère vous a interpellé en ces termes : « le volet financier nous laisse interrogatifs. Vous avez déjà débloqué pour 6.5 millions d’euros pour les clubs nationaux, quels sont les justificatifs à procéder dès maintenant à ce déblocage de fonds, personne ne joue, les contrats fédéraux doivent pouvoir bénéficier du chômage partiel comme tout salarié, aucun déplacement n’est effectué… »

De plus, un article de l’Équipe du 4 avril, relayant vos annonces, informait de la création d’un très modeste fonds d’urgence de 12 à 15 M€ pour le football amateur, quand la Fédération de Rugby propose 35 M€ pour ses 1 900 clubs. Vous en conviendrez, la FFF ne peut décemment pas allouer 3 fois moins d’aides pour 8 fois plus de clubs ! 
L’année prochaine risque d’être terrible économiquement. C’est pourquoi, nous pensons vital de discuter de 4 décisions fortes à mettre en œuvre rapidement, car ce seront les clubs les plus touchés, pas les ligues, ni les districts qui ont mis leur personnel en chômage partiel et disposent d’abondantes réserves de trésorerie. 

Pour sauver les clubs qui sont au cœur du foot :


1- Annulation pure et simple du premier prélèvement automatique sur les licences, pour tous les clubs amateurs.

2- Mise en œuvre d’un fonds de secours et d’urgence en faveur du football amateur. Réclamé depuis de nombreuses années, ce fonds doit être doté d’au moins 300 millions d’euros, compte-tenu des circonstances exceptionnelles et des conséquences du Covid-19. Parmi les partenaires de la FFF, il y a une grande banque française et les taux d’emprunt demeurent encore bas, c’est une opportunité à saisir.


3- Création d’une vraie Ligue du Football Amateur (alter ego de la LFP) disposant enfin d’une personnalité morale, d’un budget autonome et rendant compte de ses actions.

4- Organisation, dès que possible, dans toutes les ligues, des « Etats généraux du football », associant tous les acteurs du football pour débattre des grands sujets : gouvernance, féminisation, financements, vie des clubs, compétitions, arbitrage, formation, valorisation du bénévolat, rôle social et citoyen du football…


A ce jour, les dirigeants de plus de 2000 clubs amateurs soutiennent notre démarche et leur nombre augmente chaque jour. Ce qui renforce la légitimité de notre initiative pour porter la voix d’un football qui se bat pour ne pas mourir. Désormais, les clubs amateurs ne marchent plus seuls.


Dans l’espoir d’une réponse,
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Comité exécutif, en l’assurance de notre profond respect. »
 

Patrick GONZALEZ
Président de l’AS Saint-Priest
 
Eric THOMAS
Président de l’Association Française de Football Amateur





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